Entre mémoire et utopie, la Fondation Hartung-Bergman dévoile son esthétisme méditerranéen

1500 mètres carrés de jardin, 500 mètres carrés de terrasse, et 600 mètres carrés de surfaces d’exposition seront désormais dévoilés aux visiteurs de la villa-atelier d’Anna-Eva Bergman et Hans Hartung située à Antibes en mai prochain. La première exposition in situ "Les archives de la création" sera lancée à cette occasion dans la Fondation jusqu’alors ouverte exclusivement sur réservation sous forme de visite guidée. Après deux ans de chantiers de construction, de rénovation, et d’aménagement, ce domaine emblématique, sublimé et mis en lumière par deux talents incontournables de l’art moderne et abstrait, connaît aujourd’hui une toute nouvelle phase de son existence.

Tout commence en 1961, lorsque Anna-Eva Bergman et Hans Hartung laissent leur appartement parisien de la rue Gauguet pour un vaste terrain antibois. Le couple s’installe dans cette nouvelle propriété, presque pensée comme un eldorado du sud de la France. Quelques années plus tard, les deux artistes pensent d’ores et déjà à l’avenir de ce lieu épuré et riche d’inspirations. Ils souhaitent le faire muter en organisme d’utilité publique, dont la fonction serait de permettre le rayonnement de leurs œuvres mondialement reconnues. "C’est curieux un lieu dans lequel on peut trouver ici ou là, des ours en peluche collectionnés par des artistes, une jambe de bois comme triste souvenir d’une amputation de guerre, des statuettes inuites, des livres dédicacés par Aimé Césaire, du mobilier design des années 1960, des céramiques de Picasso, et tout un vertigineux inventaire à la Prévert. C’est curieux parce qu’en chacune de ces choses, de ces petites choses de rien, qu’en d’autres circonstances, la vie aurait expédié dans les oubliettes du passé, il y a des univers entiers, des pans d’histoire qui mériteraient chaque fois un film... C’est d’abord cela, je pense, la Fondation Hartung-Bergman. C’est un bataclan d’objets chargés d’énergie et qui, pour la peine qu’on veuille bien activer celle-ci, offre des surprises insoupçonnées, extraordinaires, parce qu’ils sont reliés à deux artistes dont je crois qu’on peut dire qu’ils sont immenses, au-delà de ce qu’on imagine quand on les aborde superficiellement, faute de temps, faute d’envie, faute de vouloir lutter contre la paresse confortable des préjugés", explique le directeur de la Fondation Hartung-Bergman, Thomas Schlesser.

Alors que la maison est inscrite au patrimoine du XXe siècle, elle regorge de riches souvenirs chers aux deux artistes, qui avaient pour habitude d’archiver tous leurs objets du quotidien, des croquis aux lettres d’amour, en passant par leurs photographies. Au cœur de cette villa-atelier, se dégage une atmosphère paisible, marquée par l’amour pour l’art, et toujours habitée par ses défunts propriétaires. Entourée d’un terrain extérieur de plus de 2000 mètres carrés, la villa-atelier promet l’apaisement dans un cadre paradisiaque. Son architecture sobre et épurée semble se fondre harmonieusement dans le décor, à l’image d’une habitation faussement perdue dans la nature. Entre volumes cubiques et visuels simplistes, la propriété a, en réalité, été pensée de manière à faciliter l’accès du peintre Hartung après sa blessure de guerre à la jambe. L’intérieur, quant à lui, est de caractère. Le mobilier des années 1960 contraste avec la modernité blanc immaculé à l’extérieur, soulignant inexorablement le caractère hors du temps de ce lieu. Les plans du talentueux Cristiano Isnardi, ont même permis d’y ajouter un troisième bâtiment, destiné à présenter, chaque année, une grande exposition temporaire consacrée à l’immensité et à l’ADN de l'œuvre d’Anna-Eva Bergman et de Hans Hartung.

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La villa-atelier d’Anna-Eva Bergman et Hans Hartung, située au 173 chemin du Valbosquet à Antibes, sera accessible aux visiteurs à partir du 7 mai prochain. Toutes les informations utiles : www.fondationhartungbergman.fr