MUSIQUE
"Un connecteur" d’univers antagoniques. "Un geek". "Un des fondateurs du rap français". Un génie du son. Radical et sans concessions, lorsqu’il parlait de musique, Mehdi Favéris-Essadi alias DJ Mehdi a marqué son empreinte musicale et sa signature unique aux côtés des plus grands noms du hip-hop et de l’électro. Décédé accidentellement le 14 septembre 2011, celui que certains médias surnommaient le "Wolfgang Amadeus du rap français" ou le "Quincy Jones à la française" est au cœur d’une série-documentaire en 6 volets, primée Meilleure série documentaire 2024 à Canneseries, : DJ Mehdi : Made in France, réalisée par son meilleur ami Thibaut de Longeville, et diffusée sur Arte à partir du 12 septembre prochain. "Sans barreaux, ni barrières, ni frontières" pour le prince de l’instru qui a fait rayonner la musique et l’engagement rap/ hip-hop "Hardcore" dans les plus hautes sphères de la scène artistique, s’affranchissant des codes, à coup de samples bien choisis et de collaborations devenues iconiques. De ses débuts avec Ideal J et son ami Kery James, Mafia K’1 Fry, 113, Rim’K, Mokobé, MC Solaar, Diam’s à son tournant électro célébré dans les plus grandes soirées élitistes parisiennes et new-yorkaises avec la French Touch des années 2000 (Daft Punk, Pedro Winter, Cassius, Justice…), cette pépite audiovisuelle retrace l’itinéraire, la vision et l’état d’esprit du maître du son, entre pulsations, créations, combats, doutes, réussites et humilité.
“We lost a friend last night. RIP DJ”, Pharrell Williams ; "Damn… RIP DJ Mehdi", Drake ; "R.I.P. to DJ Mehdi !!! We won’t forget you !!!", DJ Premier ; sans oublier les mots de Diplo ou Solange Knowles… Une émotion artistique et amicale unanime, ce 14 septembre 2011, exprimée sur les réseaux sociaux des stars de l’industrie musicale internationale, entre autres. C’est là, le point de départ de la série-documentaire DJ Mehdi : Made in France, réalisée par Thibaut de Longeville. A travers ce documentaire en six épisodes, primé à Canneseries 2024, et diffusé sur Arte à partir du 12 septembre prochain, le meilleur ami de l’électron libre du son rap et électro, DJ Mehdi, revient sur l’épopée du prodige. Un hommage, treize ans après sa mort accidentelle, qui raconte les rêves d’un ado passionné, les combats sociaux de l’époque, l’émancipation et l’émergence d’une musique radicale cantonnée au rang de sous-culture, la bromance, la débrouille, l’envie de réussir et de créer toujours mieux, toujours plus grand.
Jazz, soul, bossa nova… Il écoutait de tout, tordait les sons, face A, face B, projetait des intentions, et présentait la crème de la crème de l’instru aux artistes rap des années 1990/2000. Porté par des valeurs authentiques de la musique et une vision sans failles, l’artiste et entrepreneur (avec son propre label indépendant baptisé Espionnage) vivait en avance sur son temps. Dans ce documentaire, ils sont nombreux à raconter la destinée métissée de DJ Mehdi, né d’une mère tunisienne et d’un père français, dont il n'aura jamais vraiment fait le deuil. Sa mère, sa cousine, sa femme et ses familles musicales : Rim’K, Kery James, MC Solaar, Mokobé, Boombass de Cassius, Pedro Winter, Justice, So-Me, Romain Gavras ou des ingénieurs du son de légende comme Jeff Dominguez, reviennent sur les étapes phare de son parcours.
Avons-nous assez d’un article pour parler au mieux de ce mélomane surdoué et appliqué ? La réponse est Non. Rien de mieux que de visionner ce documentaire rempli d’images d’archives pour comprendre la philosophie de vie derrière la musique de l’adepte de DJ Premier, la rigueur du quotidien, la peur de produire deux fois la même chose, celle de s’extirper d’une zone de confort parfois, la quête de sons futuristes, la compréhension certaine de son univers qui unit les connaisseurs du son, avec une audience niche encore peu nombreuse, l’intelligence de lier son art à ceux qui, en porte-paroles, font lever les foules.
Lui qui a signé Le combat continue, iconique album de Kery James pour raconter les banlieues françaises, avec le titre "Hardcore", brûlot politique et classique ; lui, qui a "présidé" le passage d’Ideal J à l’Elysée Montmartre en 1999 ; lui, qui a tant composé pour la Mafia K’1 Fry (“Tu peux pas test avec la Mafia K’1 Fry !") ou un des plus grands albums de l’histoire du rap français Les Princes de la ville de 113 avec une bande-son devenue l’hymne d’une génération ; lui, qui sample des titres électros allemands comme Kraftwerk pour leur donner une couleur hip-hop ; ou encore lui, qui s’est aussi tourné vers le milieu élitiste de la House Music et Electro. "Le bug de l’an 2000, c’est peut-être Mehdi : le jour il est en studio avec la Mafia K’1Fry et des pitbulls, et la nuit il est en club à New York avec Cassius et les Daft Punk”, résume Pedro Winter, créateur du label Ed Banger Records. Il voyait les choses en grand et encourageait ses proches à faire de même : "Fais-le !, Fais-le !". Vers l’infini et au-delà, jusqu’aux oreilles de Jay-Z, Kanye West ou Pharrell. "Mehdi Commandements" du son résonneront encore et toujours à coup de "Signature" avec Thomas Bangalter, "Lucky Boy" ou "Pocket Piano".
"DJ Mehdi : Made in France", réalisé par Thibaut de Longeville, et diffusé sur Arte à partir du 12 septembre prochain. Une journée et soirée hommage à DJ Mehdi à la Gaîté Lyrique (Paris, IIIème) se tiendra le 14 septembre prochain.