Concours d’éloquence : les footballeurs donnent de la voix

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Assis au bord de leurs chaises, texte en main, le regard se balade de la petite estrade aménagée pour l’occasion au 7ème étage du Ministère des Sports, aux phrases attentivement construites par leur soin et qu’ils déclameront d’ici peu. Ils sont onze footballeurs de 10 centres de formation à avoir fait le déplacement ce mercredi 2 juin pour s’affronter et défendre les couleurs de leur équipe. Un match loin du gazon pour une compétition toute autre : celle des mots. Le temps d’une après-midi, le micro remplace le ballon, le sportif fait place à l’orateur, ne reste de lui que la volonté de se dépasser pour remporter la victoire de ce concours d’éloquence organisé par le Fondaction du Football et l’association Prométhée Éducation.

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Lorsqu’on appelle leur nom, c’est d’un pas assuré que les joueurs s’avancent chacun à leur tour sur scène pour se placer devant le podium, face au jury constitué de Roxana Maracineanu, Ministre déléguée chargée des Sports, Patrick Braouezec et Mohamed Slim, présidents des deux fondations ou encore Mohamed Bouhafsi, rédacteur en chef football de RMC Sport. Les mains posées sur le pupitre, ils prennent une profonde respiration, s’imprègnent du silence qui s’est installé dans la salle avant de s’en emparer et de le remplir de leur voix. La plaidoirie commence. Abordant des thèmes allant du milieu footballistique en passant par des enjeux sociétaux jusqu’à des questionnements philosophiques, les joueurs apportent leur touche personnelle à travers un discours minutieusement travaillé. Chaque geste, chaque intonation, chaque touche d’humour et de théâtralité, tous ont pour but de captiver et de conquérir l’auditoire. Et la conquête est telle que le jury, au bout de longues délibérations, n’a pas pu choisir un mais deux gagnants.

L’éloquence dans le sport, une première

Ce sont plus de 150 joueurs et joueuses de clubs professionnels qui s’étaient affrontés depuis le mois de janvier pour faire partie des onze jeunes finalistes de la première édition de ce concours d’éloquence. Mais pourquoi associer sport et éloquence ? L’initiative, menée par le Fondaction du Football et Prométhée Éducation, vise à faire de l’éloquence un levier afin d’éveiller les consciences, de donner les outils aux joueurs pour s’affirmer par la parole, de développer leur esprit critique et de les sensibiliser aux enjeux de la société. Et pour arriver à un tel résultat, la préparation au concours a nécessité un véritable travail d’envergure. Au total, plus de 600 heures de coaching dirigées par des étudiants bénévoles de Prométhée Éducation ont été mobilisées au service de ces jeunes talents afin de renforcer leur confiance en soi à l’oral. Un entraînement qui semble avoir porté ses fruits puisque Lou Chiron Allard et Rudy Kohon représentant respectivement Lille OSC et l’ESTAC Troyes partagent la première place du podium. “On a totalement rempli notre objectif cet après-midi car chaque joueur s’est approprié cet outil fabuleux qui est l’expression orale à sa manière. Et c’est ça qui a conduit à des difficultés pour départager les lauréats car chacun était exceptionnel à sa façon. Mais le résultat qu’on a et le podium issu des délibérations est très beau”, nous confie Mohamed Slim, Président de l’association.

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Lou, seule joueuse finaliste, a osé s’attaquer à la question “Peut-on triompher de la mort ?” en déployant un arsenal de savoir scientifique et métaphysique mais aussi de paroles sincères. L'U16 de LOSC avait pris un risque au début de sa plaidoirie en laissant son texte dans sa poche mais une fois sorti, après un court moment d’oubli, la joueuse n’y a pas accordé un seul regard. Une notion de courage essentielle en sport qu’elle a transmise dans ce concours d’éloquence et qui a touché le jury. “Je ne suis pas quelqu’un qui a énormément confiance en soi dans la vie de tous les jours. Je suis contente d’avoir fait ma plaidoirie sur ce sujet que j’aime beaucoup et d’avoir conquis les gens avec ce que je disais. Maintenant je me dis que quand je voudrais tenter quelque chose, je n’aurai rien à perdre”, nous dit-elle.  Rudy qui ne parlait pas tant que ça il y a un mois et demi, est monté sur scène en premier pour plaider en faveur des rappeurs, poètes contemporains de notre société, à coup de prose et de vers bien placés.  “On ne peut qu’être ému. Moi j’ai vu l’évolution de tous les joueurs et ce qu’on retient c’est une aventure humaine incroyable et c’est vraiment faire en sorte que chaque jeune prenne conscience que, via la parole, via son expression orale, c’est le meilleur moyen de s’émanciper y compris dans les centres”, ajoute Mohamed Slim.

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Les voix du futur

“Impressionné” et“ému”. Voilà les mots qui sont le plus revenus lors du debrief du jury. C’est avec une grande fierté pour ces jeunes joueurs qui se sont entraînés d’arrache pied et qui ont progressé pour arriver là où ils en sont aujourd’hui que le jury a rendu son verdict. En montrant qu’ils en avaient autant dans la tête que dans les jambes, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, en charge des Sports Roxana Maracineanu a vu en eux une lueur d’espoir sur le devenir de la société. “C’est en offrant à notre jeunesse la possibilité de prendre la parole qu’on pourra éteindre et anticiper certains conflits”, déclare à S-quive. “La richesse, elle, est en eux et ce sont eux qui peuvent faire changer les esprits, les mentalités par rapport au sport en France, par rapport à l’importance de l’éducation du sport de nos enfants.[...] Arriver à mettre des mots sur ce qu’on vit et raconter son quotidien de sportif, je pense que c’est riche d’enseignement pour toute la société.” Cette première édition du concours d’éloquence remporte donc un franc succès que l’ensemble des membres du jury souhaite ouvrir à davantage de clubs mais aussi étendre à d’autres disciplines sportives dans un futur proche. Une chose est sûre, ces jeunes sportifs n’ont pas fini de nous laisser sans voix tant sur le terrain que devant un micro.

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