Camille Pouyfaucon : "Ben Arpea est un exemple emblématique du modèle que souhaite promouvoir la galerie pour ses artistes."

Pouvez-vous nous parler de votre parcours qui vous a mené au métier de galeriste et de commissaire d'exposition, et ce qui vous a inspiré à ouvrir la Galerie Camille Pouyfaucon ?                                  

Je me suis tout de suite dirigée vers des études très spécialisées : Licence en Histoire de l’Art chez Christie’s Education à Londres, suivi d’un Master en Business de l’Art chez Sotheby’s Institute, également à Londres. J’avais donc, dès mes années d’études, le désir de m’orienter vers une carrière dans le monde de l’art. J’ai trouvé mes études passionnantes, ce qui m’a conforté dans mon choix d’orientation. J’ai entamé des stages en maison de vente, et des postes en galeries d’art contemporain dans lesquelles j’ai particulièrement apprécié endosser divers rôles, tels que la relation clients et artistes, la vente, la curation d’exposition. Au contact quotidien des artistes, des collectionneurs et des œuvres, j'ai ressenti le désir d'acquérir de l’art à titre personnel. Au-delà de considérations budgétaires, j'ai été motivée par le soutien aux jeunes artistes émergents, un secteur peu représenté en galerie mais d'un talent prometteur. Animée par cette volonté de mettre en lumière de jeunes talents et l’envie d’entreprendre, j'ai pris la décision d'ouvrir ma propre galerie en 2021. Initialement nomade, la galerie fonctionnait par le biais de locations d'espaces pour des expositions éphémères, me permettant ainsi de tester mon projet. Un an plus tard, en octobre 2022, j'ai établi ma galerie de façon permanente au 19 rue Guénégaud, dans le 6ème arrondissement de Paris.

Comment décririez-vous la vision artistique et la mission de la Galerie Camille Pouyfaucon, et qu'est-ce qui la distingue des autres galeries à Paris ?            

La mission de la galerie Camille Pouyfaucon est claire : défendre la scène émergente française et étrangère. Par "émergente", j'entends les artistes en début de carrière, parfois même des artistes encore étudiants n'ayant jamais exposé en galerie. L'objectif est d'accompagner ces artistes dans le développement de leur carrière et de s'adresser à un nouveau segment de collectionneurs, peut-être moins expérimentés, désireux d'acquérir des œuvres d'art. En ce qui concerne la vision artistique, la galerie représente principalement des artistes figuratifs, bien que je ne souhaite pas me limiter à ce genre, pour l'instant, il prédomine. Ce qui distingue la galerie, c'est précisément la représentation de ces jeunes artistes, peu exposés en galerie, ainsi que l'accessibilité à des œuvres uniques à moins de mille euros.

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"Ben Arpea est un exemple emblématique du modèle que souhaite promouvoir la galerie pour ses artistes."

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Pouvez-vous nous expliquer le concept derrière l'exposition actuelle mettant en vedette les œuvres de Ben Arpea ? Qu'est-ce qui vous a motivé à présenter son travail, et à quoi les visiteurs peuvent-ils s'attendre lors de l'exposition ?

La dernière exposition personnelle de l’artiste Ben Arpea, "Inside Out", marque une évolution significative dans sa pratique artistique avec l'intégration du design comme nouveau support. La création d'une collection capsule de design représente un pont entre le fine-art et la sculpture, permettant à l'artiste de redéfinir la matière sous une forme plus concrète. Les pièces de design présentées dans l'exposition sont des extensions tangibles de son langage artistique, offrant ainsi une nouvelle perspective sur la relation entre l'art et l'espace domestique. Le titre "Inside Out" fait référence aux intérieurs, souvent représentés dans les tableaux de Ben Arpea, mais explorés de manière plus concrète dans cette exposition à travers la création de meubles. Il évoque également l'extérieur, cette nature qui lui est chère, incarnée ici par des paysages spectaculaires baignés de chaleur et de lumière. Ben Arpea est un exemple emblématique du modèle que souhaite promouvoir la galerie pour ses artistes. En effet, la galerie a ouvert ses portes avec une exposition dédiée à Ben Arpea en 2021, marquant ainsi la toute première exposition de l'artiste. J'ai été immédiatement séduite par ses œuvres, joyeuses et contemporaines, riches en matières et presque en relief. Ayant misé sur son talent et le plaisir que j'ai ressenti en découvrant son travail, il a depuis rencontré un succès fulgurant. Il est présent dans toutes les foires internationales et a réalisé des expositions individuelles dans les principales capitales artistiques. Sa ligne de design sera même exposée à la foire de Bâle en juin prochain ! L'exposition "Inside Out" dévoile un travail extrêmement abouti, caractérisé par un subtil jeu de dégradés de couleurs et une maîtrise technique remarquable dans l'association des teintes et des textures. Cette exposition fait voyager le visiteur sans aucun doute !


Alors que l'exposition solo de Ben Arpea "Inside Out" intègre le design dans sa pratique artistique, pourriez-vous nous en dire plus sur cette évolution et le lien entre l'art contemporain, la sculpture et le design dans son travail ?

Ben est un artiste de la matière, et il n'est pas du tout surprenant qu'il ait eu l'envie de créer ce qu'il appelle des "œuvres usuelles". Son amour pour la beauté le pousse à vouloir être entouré de celle-ci. Sa créativité est sans bornes, et il refuse de se limiter. Pour lui, la découverte, le renouvellement, et l'exploration de nouveaux mediums sont une obsession. Son parcours artistique a débuté avec la peinture, où la densité de la matière sur la toile a progressivement augmenté jusqu'à ce que des éléments sortent littéralement de ses tableaux pour devenir des sculptures. Avec la création d'œuvres usuelles, il explore une autre voie : il crée d'abord la matière pour ensuite la peindre.


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"Mon souhait est que les visiteurs soient transportés dans ses paysages fantastiques, source d'introspection, de mélancolie, mais également de bien-être."

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Avec la transformation de l'espace de la galerie en une réflexion intime de l'univers de Ben Arpea, qu'espérez-vous que les visiteurs retiendront de leur expérience lors de l'exposition, et comment envisagez-vous l'impact de ses œuvres sur le public ?                                                                  

J'espère que l'exposition permettra aux visiteurs de plonger dans l'univers captivant de Ben Arpea et de ressentir le même coup de cœur que j'ai éprouvé en découvrant son travail. Mon souhait est qu'ils soient transportés dans ses paysages fantastiques, source d'introspection, de mélancolie, mais également de bien-être. Nous sommes tous sensibles à notre environnement quotidien, et les œuvres de Ben dégagent indéniablement une grande chaleur.

Quelles sont vos prochaines actualités ?

Nous participons à la foire Future Fair à New York du 1er au 4 mai, où nous présenterons trois jeunes artistes : deux françaises, Eugénie Didier et Léa Toutain, toutes deux en dernière année aux Beaux-Arts de Paris, ainsi que Gongmo Zhou, un artiste chinois récemment diplômé des Beaux-Arts de Nantes et prodige de la peinture hyperréaliste. De plus, notre prochaine exposition, débutant mi-mai, mettra en vedette un solo show de l'artiste ghanéen Hamid Nii Nortey.

Un message à faire passer à nos lecteurs ?

‍Mon message aux lecteurs serait de les encourager à s'intéresser au monde des jeunes artistes, à aller à leur rencontre, à visiter les journées Portes Ouvertes des Beaux-Arts ou des ateliers comme Poush, et à profiter de leur accessibilité pour leur poser des questions sur leurs pratiques et leurs inspirations. C'est une excellente façon de consommer l'art de manière différente, mais aussi une démarche plus active qu’une visite au musée.