Avec La Maison des femmes, Prune Nourry célèbre des Vénus aux parcours tumultueux

Après une exposition personnelle à Bruxelles en 2017 et en 2022, ainsi qu’à Paris en 2019 et en 2021, l’artiste Prune Nourry est de retour à la galerie Templon pour son nouveau projet encore jamais exposé, baptisé "Vénus". Une nouvelle ode à la place des femmes dans la société après "Terracotta Daughters" (2011-2031), "Mater Earth" (2020-2023) et "Statues Also Breathe" (2022). C’est à la suite de sa rencontre avec Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de La Maison des femmes de Saint-Denis (93), qui réalise une prise en charge pluridisciplinaire, que la plasticienne a imaginé un projet audacieux. Huit femmes présentes aux ateliers ont accepté de poser nues dépassant leurs traumas personnels, mais aussi les tabous sociétaux liés à leurs cultures respectives.

Une intimité entre la sculpteure et ses modèles puisque chaque femme pouvait, si elle souhaitait, partager son parcours durant les séances de pose. Des mots sur les maux, qui ont façonné l’imaginaire de l’artiste et marqué la singularité des œuvres. Réalisés en taille humaine ou en petit format à la manière des Vénus préhistoriques, les portraits et bustes ont été moulés, puis tirés en bronze et recouverts d’une peau de terre, ou tirés en terre cuite. Une direction artistique, honorant la tradition du portrait, déjà explorée avec le projet "Phenix" en 2021.

Avec des poses inspirées des Vénus du passé, Prune Nourry entend bien renforcer le lien entre passé et présent, personnel et universel. Cette exposition à la galerie Templon a été pensée en lien avec la commande "Les Vénus dionysiennes" pour le Grand Paris Express dans la gare Saint-Denis – Pleyel en tandem avec l’architecte Kengo Kuma, inaugurée en juin dernier. La commande, installée en 2026, a pris ses racines à Saint-Denis puisque c’est dans la Villa.D, un ancien foyer pour jeunes filles et futur centre d’art, que les femmes ont été invitées à poser, non loin de La Maison des femmes. Si des sculptures et des installations seront présentées, un film documentaire projeté, réalisé par Vincent Lorca en association avec le collectif Femmes à la caméra, rendra compte de la relation entre l’artiste et ses modèles et du processus de création. Ces Vénus d’hier et d’aujourd'hui rappellent que, au-delà de la diversité de formes, d’origines et les multiples couleurs d’argile qui les composent, nous sommes tous issus de la même terre et retournons à la terre.

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"Venus", à la galerie Templon, du 11 janvier au 1^er mars 2025.