Anis Belarbi : "Plus on avance, plus les gens s’identifient aux bonnes énergies et moins aux environnements 'cool’."

Anis, comment est né votre goût pour la photographie ?

Ce qui est drôle, c’est que mon goût pour la photographie est né par le biais de ma passion pour le voyage. Je voulais documenter ces voyages en photos donc ça a dû venir de cela. Par la suite, plusieurs passions se sont ajoutées (mode, architecture…). Ce qui m’a mené vers ce que je fais maintenant.

D’ailleurs avec quel appareil shootez-vous ?

[Rires] C’est le grand secret ça ! En vérité, j’en ai plusieurs, environs 40, donc ça peut aller du reflex argentique au Point and Shot Nikon, Leica, Contax ou d’autres.

Vous réalisez beaucoup d’images dans des soirées où la majorité des jeunes voudraient se rendre ! Votre colorimétrie est très chaude. Vous faites un gros travail de postproduction ?

Non pas vraiment, j’ajoute seulement un peu de contraste et mon film est déjà chaud, et depuis peu j’en utilise un, un peu moins chaud avec plus de couleurs naturelles.

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"Plus on avance, plus les gens s’identifient aux bonnes énergies et moins aux environnements 'cool’."

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Vous immortalisez les "Faces" influentes de l’époque. A l’image des footballeurs Lionel Messi et Kylian MBappé, de l’acteur Jaden Smith, du musicien Kaytranada, des rappeurs Travis Scott et ASAP Rocky ou des sœurs Hadid. Qu’est-ce que vous souhaitez capter d’eux ?

J’aime seulement montrer ce qui se passe dans ma ville et que les gens aient une autre image de ces personnes. Une image plus amusante, moins commerciale. J’aime montrer qu’on est tous humain et un peu tous pareil, au final.

Vos images allient sens de la mode, légèreté et un mood parfois nonchalant, très ancré dans l’époque. Vous pensez que ce sont les codes du nouveau cool ?

Je ne considère pas qu’il y ait un nouveau cool. J’essaie seulement de retranscrire l’énergie de chaque lieu et de chaque personne selon la manière dont je la perçois. Je pense que plus on avance, plus les gens s’identifient aux bonnes énergies et moins aux environnements “cool”.

Photographier des moments volés ou festifs implique un grand sens de l’observation ? Peut-on anticiper des clichés ou les encourager ?

Les moments volés sont effectivement le résultat d’une observation et d’une connaissance de son environnement. Je pense qu’il faut seulement capter l’image au bon moment mais les anticiper serait impossible dans ces lieux.

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"Une de mes images a été repartagée par Virgil Abloh en 2014 alors que j’avais 20 followers… Ce moment m’a dit qu’il y avait un truc à capter dans ces soirées."

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Si vous deviez citer trois images qui vous ont marqué et pourquoi ?

C’est, pour moi, une question très compliquée. Je mettrais tout de même en premier la photo de Virgil Abloh, Theophilus London et Skepta. C’est une de mes toutes premières photos en argentique en soirée et une des premières sur mon profil Instagram. Elle avait été repartagée par Virgil en 2014 alors que j’avais 20 followers… Ce moment m’a dit qu’il y avait un truc à capter dans ces soirées. Aussi, une photo du tunnel à Stockholm qui date de 2015 car elle a fait partie de mes débuts dans ma ligne de photos de design et d’architecture.

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Enfin, la photo d’une rue de la Casbah d’Alger car elle m’a fait réaliser qu’il y avait une grosse inspiration dans ce pays et beaucoup de belles choses à capturer.

Dans votre bio Instagram, vous parlez de "Sophosticated Ignorance". En d’autres termes, vous tracez votre route avec élégance…

[Rires] C’est une expression d’une musique que j’écoutais au lycée et elle définit plutôt bien ma manière d’être tout le temps curieux sur divers sujets. Cela veut dire qu’il faut rester humble et assumer son ignorance quand elle existe.‍

Vous mettez en avant des clichés de vos amis mais aussi de vos voyages. Vous y citez Martin Parr. C’est une inspiration ? Quels photographes vous ont influencé ?

Je suis assez inspiré par ce que je vois tous les jours, que ce soit dans la photo ou dans la vie. Martin Parr a été mon inspiration pour quelques clichés très colorés et ce que je fais en vacances. J’ai aussi beaucoup été influencé par les clichés de soirées d’Andy Warhol (Polaroids). Plusieurs photographes m’ont inspiré pour ce que je fais en soirée comme Steve Eichner, Randall Slavin, Allan Tannenbaum, The Cobrasnake et Bronques pour le côté trash. J’aime aussi les styles de Tyrell et Ciesay que je côtoie parfois. Après, je m’inspire de beaucoup d’autres photographes pour mes photos de campagnes, d’architecture ou de nature. Cela peut aller de Bilal El Kadhi à Steven Meisel en passant par Helmut Newton ou Sebastião Salgado.

Qui rêveriez-vous de photographier et pourquoi ?

Je n’ai pas vraiment une personne en vue car ça peut aller toujours plus loin. J’aimerais, par contre, photographier ou faire une direction artistique complète (pochette d’album, concerts etc…) pour un artiste qui m’inspire.

Avez-vous des projets créatifs en préparation ?

Oui et non, ça vient pas à pas. J’espère me mettre sur plus de projets personnels en 2023 (campagnes ou DA photo autour d’une personne). Tout viendra à temps.