INTERVIEW

Anabel : "Mon style, c’est de la nouvelle variété française."

Publié le

8 novembre 2024

Elle dévoile aujourd’hui son tout premier EP, Tout passe. Riche de ses influences familiales, Anabel emprunte avec délicatesse des genres musicaux qui la porte depuis toujours. Entre style urbain, rock ou électro, cette guerrière au look futuro-vintage affirme ses choix artistiques intimement inspirés de la variété française. Attachée à donner libre cours à son interprétation, elle réinvente le genre au fil des thèmes qu’elle aborde : rupture, violence homophobe ou envers les femmes... Entourée d’une équipe créative puissante, elle célébrait hier soir, au Rouge Pigalle (Paris IXe), la sortie d'un projet maîtrisé et porteur.

Anabel ©OJOZ
Anabel ©OJOZ

Anabel, si vous deviez vous définir en quelques mots…

Je suis Anabel, autrice-compositrice-interprète. Et voilà ! [Rires]

Vous sortez votre premier EP, Tout passe, le 8 novembre prochain. Que représente-t-il pour vous ?

C’est un vrai pied dans le plat puisque c’est mon vrai premier projet. Ça fait longtemps que je l’attends et je suis très pressée qu’il sorte ! J’ai vraiment l’impression d’être enceinte et que je vais enfin accoucher ! [Rires]

Il renferme de nombreux sujets intemporels mais aussi de société : la rupture dans "Tout passe", la violence homophobe avec "Monstre" ou la violence faite aux femmes dans "Lampadaire" … Ce sont des récits extérieurs qui vous ont inspiré ?

Oui ce sont des récits extérieurs venus de proches. Je regarde ce qui se passe autour de moi et l’évolution de la société. J’ai du mal à rester comme ça, sans rien dire. La musique est un bon moyen de s’exprimer sur tout cela et d’essayer de faire changer les choses et les mentalités. Je ne rentre pas dans l’intimité des histoires mais je les décris au mieux et je vais dans le détail pour que les gens soient en immersion.

Ces thématiques symbolisent la tempête actuelle dans laquelle nous vivons et vous les racontez avec vos longues nattes, vos ongles styleto et des boots imposantes ! Est-ce que vous vous positionnez comme une guerrière futuriste prête à en découdre avec la violence latente ?

C’est un peu ça ! Je mets souvent mes tresses car je veux rester celle que je suis dans la vie. J’ai les cheveux longs depuis petite avec ce mouvement de tête un peu enfantin. Avec le temps, je me vois constamment en évolution dans ma vie de femme. Je me sens forte avec ce costume-là quand je monte sur scène pour porter ce genre de thème.

"Je me sens différente de par le métier que je fais."

Cet EP est aussi la célébration de la différence. Quelle est la vôtre ?

Je dirais que c’est d’être une artiste à 100%, de l’assumer et d’en vivre. C’est difficile de vivre de ses rêves. Je me sens différente de par le métier que je fais.

Vous avez collaboré avec une équipe créative très appréciée pour la conception des titres de l’EP. Notamment Caméléon, Elior et le musicien Nino Vella, décédé brutalement en juillet dernier. Le titre "Comme Will", que vous chantez avec Hatik, lui rend hommage. Que vous ont-ils apporté d’un point de vue artistique ?

Ce sont des artistes puissants dans ce qu’ils font. Ils sont passionnés et je suis très admirative de toutes ces personnes qui font parties du projet. Ils m’ont conforté dans mes choix et fait découvrir des parties de moi-même dans la composition et l’écriture. Ils m’ont aussi sorti de ma zone de confort et je leur en serai éternellement reconnaissante. Quand on travaille avec d’autres gens, c’est une aventure humaine. Il y a une vraie fluidité.  

Anabel de profil ©OJOZ
Anabel ©OJOZ

Vous avez grandi dans une famille très ouverte à la musique. Entre le Maloya et le Séga par votre mère, la pop anglaise par votre père et la Soul, R’n’B ou Metal par vos sœurs et frère. Vous aimez de grandes interprètes françaises comme Edith Piaf ou Barbara. Comment construit-on son univers avec un tel melting pot musical ?

Justement avec ce melting pot, ça n’a pas été simple de trouver une identité. Mes sœurs étaient très marquées dans leur style. C’était très tranché et qualitatif. Mon oreille a vraiment été éduquée très jeune. Depuis petite, je voulais trouver ma voie musicale et le genre qui me correspondait. Je me suis plus penchée vers la Soul, R’n’B aussi. Comme j’ai grandi avec ces sonorités, je me suis retrouvée à écouter de la variété française et je sentais que j’apprenais et que je m’ouvrais encore à d’autres possibilités musicales.

"Mon style, c’est de la nouvelle variété française."

Comment définiriez-vous votre style ?

Mon style, c’est de la nouvelle variété française car l’interprétation prend le dessus. Il s’inspire d’un style urbain, rock, électro… Je n’aurais pas pu faire autrement.

En parlant de style ! Vous avez un look très affirmé…

Ah bon ?! J’essaie ! [Rires]

Quelles sont vos inspirations Mode ?

Je suis assez caméléon dans le style. Il dépend vraiment de mon humeur. J’aime m’apprêter et me sentir bien. Quand je pense à ma tenue la veille, je suis dans un bon mood. Je prépare tout ça comme les petits qui préparent leur tenue la veille de rentrée ! [Rires] J’ai un style assez retro en ce moment, je m’inspire des années 1990, avec les pantalons oversize. J’ai souvent un look garçon manqué mais aussi femme sulfureuse, ça dépend !

Sur ces images avec OJOZ (Damso, Yamê, Nekfeu…), vous affichez beaucoup d’assurance. Est-ce que la femme que vous êtes aujourd’hui a soigné les maux de la jeune fille dont on critiquait le physique à l’école ?

Oui, vraiment. En shooting, il faut créer cette assurance mais aussi assumer qui tu es. J’ai un visage assez carré que je n’aimais du tout avant d’ailleurs. Les critiques des gens m’ont fait perdre beaucoup de confiance et m’ont incité à me déprécier. Aujourd’hui, j’aime me montrer sous différents angles. La collaboration avec OJOZ a été naturelle. Il prend le bon moment, à l’envolée, et c’est génial.

Anabel assise sur une chaise ©OJOZ
Anabel ©OJOZ

Que faut-il esquiver dans la musique ?

Il faut esquiver les mauvaises vibes de ce milieu ! [Rires] Il y en a pas mal. Quand on est artiste, il faut être conscient qu'il y a beaucoup de requins. Tout le monde n’est pas bienveillant.

Quand on est artiste ou quand on est une femme ?

Les deux ! [Rires] Quand on est une femme, on prend cher déjà ! C’est difficile de s’imposer. Il faut s’affirmer et ne pas trop en attendre des gens.

Que peut-on vous souhaiter ?

J’aimerais une tournée pour chanter mes chansons sur scène. Rester vivant, c’est bien déjà dans ce monde de fou ! [Rires]

"Tout passe", disponible partout.

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