Rencontre avec Lazuli : "Pour moi, la musique c’est spirituel."

La rencontre a lieu à l’espace presse du festival We Love Green sous un ciel ensoleillé. Lazuli arrive avec assurance pour l’interview. Avec son franc-parler et son caractère affirmé, elle revient sur son album Toketa, l’importance de l’identité visuelle en tant qu’artiste et sur ses projets à venir.

Vous serez sur la scène du Think Tank à We Love Green ce soir, comment vous vous sentez ? Etes-vous excitée ou plutôt stressée à l’idée de vous produire sur scène ?

Franchement, je suis trop excitée. C’est ma première fois à We Love Green, c’est un big festival donc je suis honorée. Après il y a une petite pression mais c’est de la bonne pression.

‍

"Je ne me définirais pas dans un style en particulier, je n’ai pas envie de me mettre dans une case."

‍

Dans votre musique, vous mélangez les genres : reggaeton, trap, sonorités latines. Comment vous vous définissez en tant qu’artiste ?

Je ne me définirais pas dans un style en particulier, justement, à chaque fois qu’on me pose cette question, j’ai vraiment du mal à me mettre dans une case et, je n’en ai pas envie. Selon moi, je suis une artiste qui fait de la musique, dansante quand même parce que ce sont les sonorités que j’aime bien, mais je ne pourrais pas me mettre dans un genre en particulier. Je fais de tout et j’ai envie de me laisser porter par les prods et l’énergie de la musique, et non par un style en particulier.

Vous avez grandi entourée de musiques latines. Quels sont les artistes qui vous ont inspirés pour vous lancer dans la musique ?

Je pense que toutes mes références sont inconscientes car je me suis lancée tard dans la musique. Ça m’est un peu tombée dessus, c’était plus un délire à la base. Mais Daddy Yankee dans le reggaeton m’a beaucoup influencée depuis petite. Ozuna et Anitta en Amérique du Sud m’ont aussi beaucoup influencée. Ces références ont construit ce que j’aime mais ce ne sont pas des références pour créer.

Vous chantez en français et en espagnol, est-ce important pour vous de célébrer vos origines latines/chiliennes à travers votre musique ?

Oui, c’est important de faire des clins d’œil. Mon père est fier, il est content et ça fait plaisir. J’écoute beaucoup de musiques qui viennent d’Amérique du Sud donc c’est important pour moi de montrer ce que j’aime et mes références. Après je le fais toujours au feeling, je ne me dis jamais : "Ce son-là va être en espagnol", quand je crée, si j’ai de l’inspiration en espagnol, je pose en espagnol mais ce n’est pas une obligation que je m’impose. Il y a des sons qui ne sont qu’en français et ça me convient aussi.

‍

"J’ai vraiment envie que quand tu entendes Lazuli, tu te demandes aussi ce que ça peut être au niveau de l’image."

‍

Vous créez votre musique avec différents producteurs tels que Izen, King Doudou ou encore Brodinski. Pouvez-vous me parler du processus créatif derrière la création de vos morceaux ?

On se donne rendez-vous au studio et on se dit : "On va faire du son". Je pars vraiment du principe que c’est du kiff, si ça devient trop scolaire ou trop "taff", je ne le fais jamais. Je vois vraiment ça comme un moment de kiff, un moment entre potes où on sort de la musique. Souvent, j’aime bien quand ce sont eux qui me proposent des prods ou qu’on compose ensemble. Et puis après, si ça me parle, j’écris et je pose.

Vous portez une attention particulière aux visuels, que ce soit avec vos clips ou la couverture de votre album Toketa. Est-ce que pour vous la musique est intrinsèquement liée à l’image ?

Pour moi, oui. En tout cas, avec mes équipes, on a vraiment envie de proposer quelque chose qui visuellement soit nouveau et percutant pour que ça aille avec la musique que j’ai envie de proposer. Sur Toketa, on a beaucoup bossé l’image et c’est quelque chose qu’on a envie de pousser. J’ai vraiment envie que, quand tu entendes Lazuli, tu te demandes aussi ce que ça peut être au niveau de l’image. Sur scène, ma créatrice m’a fait des tenues, j’aime ce côté image, j’aime les sapes, j’aime que ce soit beau, j’aime l’esthétique. Donc c’est clair qu’on met vraiment un point d’honneur sur l’image quand on crée.

Vous avez commencé la musique assez récemment, pendant le confinement en 2020, et vous avez déjà une identité musicale et visuelle très forte. Est-ce que votre identité artistique était facile à trouver ou c’est encore une recherche perpétuelle ?

Je pense que ça a été naturel et instinctif. Ce que je suis et ce que j’ai envie de montrer, c’est moi en fait. Maintenant que je suis entourée avec des équipes, la recherche est en continue sur la manière de pousser au mieux le projet et d’avoir la vision la plus large. Comme c’est récent, l’évolution sera forcément là.

‍

"Je sais où j’ai envie d’aller, et je sais que j’y arriverai parce que j’y crois, c’est tout."

‍

Un conseil à donner à une personne qui aimerait se lancer dans la musique ?

Pour moi, la musique c’est spirituel, c’est de l’énergie, c’est des fréquences. Si tu es dans une optique où tu fais de la musique pour toi, parce que tu en as envie et pour prendre du plaisir, forcément ça va toucher des gens et je pense que ça se transmet automatiquement. Je pense aussi qu’il faut avoir un détachement, ne pas se mettre trop de pression. Les croyances limitantes, tu te les mets à toi-même... Si tu as envie de faire quelque chose, fais-le, tu n’as rien à perdre, essaies et crois en toi. C’est vraiment comme ça que je procède et je pense que tout le monde est capable de réaliser des choses, tout le monde est créateur. Moi, je sais où j’ai envie d’aller, et je sais que j’y arriverai parce que j’y crois, c’est tout. C’est une croyance en moi et je pense que c’est important de vraiment croire en soi.

Votre détermination et votre confiance en vous se voient. J’ai lu que vous vous étiez fait voler votre ordinateur avec toutes les démos pour votre album Toketa, mais vous n’avez pas abandonné malgré ça…

On s’est fait voler l’ordinateur avec les sons, et le lendemain j’étais au studio. A ce moment-là, je savais déjà que ça me rendait service parce que rien n’arrive par hasard. Au final, c’est exactement cette action-là qui a créé Toketa sinon je ne pense même pas que l’album aurait existé. Après, ça dépend comment tu gères ce qui t’arrive, on a tous des galères mais si tu rebondis direct, ça devient un tremplin. Je pense que c’est un peu un mindset, même si on est tous humain et qu’il n’y a pas que du positif, ça dépend de comment tu tournes ce qui t’arrive dans la vie. Au final, la personne qui nous a volé l’ordi a créé un projet et je suis trop contente de le défendre ce soir.

Actuellement, votre objectif est de promouvoir votre album ou vous avez d’autres projets à venir ?

J’ai préparé un projet de 6 titres, un EP, avec Angie, une fille qui est devenue une amie au-delà de la musique. On est trop contentes de pouvoir ramener ce projet parce qu’encore une fois, faire les sons c’était que du kiff. J’ai trop hâte ! Je pense que ça va sortir dans l’année, peut-être qu’il y aura des petits trucs en avant-première à la rentrée. Sinon, je suis sur mon album Toketa. On essaie vraiment de créer un projet poussé, réfléchi. J’ai vraiment envie de montrer qui je suis et de proposer un projet bien solide. L’EP avec Angie, je pense que c’est le prochain projet que j’ai hâte de montrer et de défendre.

Quelle est votre découverte musicale du festival ? Si vous avez eu l’occasion d’écouter ou de rencontrer d’autres artistes qui se produisent ici…

Je ne vais pas mentir, là je viens d’arriver, mais il y a Maureen qui est juste après moi [sur la scène Think Tank]. Je connais déjà, mais je ne l’ai jamais vue sur scène donc j’ai hâte de voir ce que ça va donner. C’est une artiste avec qui j’aimerais bien collaborer. J’aime vraiment son énergie et comme elle est juste après moi sur scène, je vais rester pour la découvrir.