INTERVIEW
Publié le
7 juillet 2021
Quelques jours après l’ovation de son premier concert à Paris, vendredi 25 juin dans la sublime Salle Gaveau, Sophie Fustec aka La Chica, revient sur les influences qui ont marqué et fait naître la musique de son dernier album, La Loba, avec beaucoup d’authenticité et d’émotions.
On vous a senti particulièrement émue lors de votre concert à la salle Gaveau. Qu’est-ce qu’il représentait pour vous ? Qu’est-ce que ce concert avait de plus que les autres ?
Le concert de vendredi était très spécial. C’est un an de préparation, un an d’attente puisqu'il a été décalé deux fois. C’était une année particulière non seulement parce qu’on attendait les concerts depuis très longtemps mais le fait de s’être vu réduit à quelque chose de "non essentiel", ça a été extrêmement difficile à avaler. Il s’avère que mon frère, qui a eu un accident il y a un an, a un peu été l’instigateur malgré lui de tout ce qui s’est passé artistiquement pour moi. Le fait de présenter un an après sa mort ce spectacle qui lui est dédié et qui raconte un petit peu toutes les étapes du deuil, c’est forcément quelque chose de très puissant, de symboliquement très fort. Je me suis retrouvée dans une position à fleur de peau où j’ai décidé d’embrasser toute cette émotion qui m’a envahie. Je suis souvent dans le contrôle pour les choses que je fais. Je travaille énormément, j’ai besoin qu’un show tienne la route et que ce que je montre aux gens soit de qualité. Une fois que j’ai travaillé, au moment où je monte sur scène, je peux me lâcher. Je suis arrivée à ce concert en étant prête. Techniquement, physiquement, mentalement. Sauf que je me suis pris une telle dose d’amour de la part du public et d’émotions que tout est remonté et c’est quelque chose que je n’ai pas pu du tout contrôler.Un peu comme si j’étais sortie de moi-même, je me suis vue vivre ce truc-là à fond dans l’instant présent, ce qui est très rare. Je trouve que c’est très difficile de vivre un instant dans le présent parce qu’il faut avoir conscience de tout, il faut être extrêmement centré, ancré et il faut avoir des paramètres qui le permettent. Et là, c’était le moment parfait pour ça, j’ai senti que le public était prêt à communier avec moi, j’ai senti la communion qu’on a eu. Le fait de me lâcher, ça ne m’a pas fait rater des choses mais j'ai eu beaucoup plus de fragilité que d’habitude et je pense que ça s’est senti et ça a permis une connexion directe avec les gens. Le fait que je ne sois pas dans la présentation d’un truc parfait mais plutôt le fait de vivre le moment tel qu’il était, c’est ça qui m’a plu. Je me suis retrouvée happée par quelque chose que je ne connaissais pas parce que je ne l’avais jamais vécu comme ça et j’avais l’impression d’être dans ma chambre, en sécurité avec mon piano et 500 personnes qui m'envoient de la bienveillance. C’était dingue comme expérience. Ça m'a tellement retournée que je l’ai vécu presque comme un choc émotionnel. Je suis ressortie de ce concert-là, j’étais sur Pluton et j’ai mis trois jours à redescendre. J’étais dans les vapes totales d’avoir encaissé ce truc-là que j’ai tant attendu pour l’offrir à mon frère, à ma famille et à moi aussi.
“Je suis arrivée à ce concert en étant prête. Techniquement, physiquement, mentalement. Sauf que je me suis pris une telle dose d’amour de la part du public et d’émotions que tout est remonté et c’est quelque chose que je n’ai pas pu du tout contrôler.”
Vous avez toujours rêvé d’être artiste ?
Absolument pas ! [rires]. Je n’ai jamais rêvé d’être artiste. J’ai toujours fait de la musique donc la musique a toujours fait partie de ma vie. Je me souviens avoir fantasmé la condition de musicienne quand j’étais petite, où je me voyais vivre heureuse dans une chambre de bonne sous les toits. Il y avait quelque chose de très poétique dans cette vision là… Et je l’ai vécue! Toute la pauvreté avec toute sa poésie et c’était super. C’était les années les plus libres de ma vie, c’était extrêmement inspirant et j’ai adoré passer par cette étape-là. Mais je ne savais pas qu’on pouvait réellement vivre de sa musique. C’était quelque chose qui n'était pas forcément accessible de mon point de vue. Je ne l’ai jamais rêvé et tout s’est transformé petit à petit avec des raisons et des étapes plutôt logiques et plutôt saines dans l’évolution artistique. La musique a toujours été extrêmement présente que ce soit lorsque j’étais petite et que j’étais plutôt sauvage, réservée, timide. Ça m'aidait de jouer du piano. L’expression sortait à travers les sons. La musique m’a aidée à traverser des étapes de vie très puissantes, elle m’a sauvée dans beaucoup de moments. Donc quand je me suis mise à jouer dans des groupes, ça a été une révélation absolue. J’y ai développé l’amour de la scène. La scène c’est le lieu où je peux tout donner et tout lâcher et exprimer toutes les choses qui n’existent pas dans ma communication au quotidien avec les gens. Et quand j’en suis arrivée à développer mon propre projet, c’est là que tout s’est aligné et que tout a pris sens, tout ce qui avait été vécu avant était là pour une raison.
Pourquoi avoir choisi ce nom d’artiste "La Chica" ? Que signifie-t-il pour vous ?
"La Chica" ça veut dire “la fille”, ça veut dire “la meuf”. Ce nom est né d’une situation lorsque j’étais adolescente où un de mes oncles m’appelait “la chica” pour me rappeler que j’étais une fille parce que j’avais un comportement très masculin, très garçon manqué. Ça m'agaçait à l’époque, j’étais très rebelle et je ne comprenais pas pourquoi il me disait ça. Et après, ça a continué à raisonner parce que je me suis dit qu’effectivement pendant un moment j’avais adopté un comportement d’homme pour pouvoir mieux m’intégrer dans mon environnement. C’était une forme de protection pour passer inaperçu et ne pas être en danger. Et il a fallu que je prenne conscience de ce comportement que j’ai trouvé presque grave, pour réaliser que pour être une meuf, particulièrement dans cette société actuelle, il fallait embrasser cette dualité, embrasser son côté féminin comme son côté masculin. Les deux font partie de nous, c’est très important. Je me sens meuf autant dans ma masculinité que dans ma féminité. Donc finalement "La Chica", ça me rappelle tout simplement cette période et que je suis une fille avec mon yin-yang.
“Quoi qu'il arrive, les femmes ont beau passer par des épreuves de vie insupportables, elles se relèvent toujours depuis la nuit des temps.”
Comment définiriez-vous "La Loba" ? Est-elle un alter ego de La Chica ou une part inhérente à toutes les femmes ?
"La Loba" c’est une légende mexicaine qui raconte l’histoire d’une sorcière donc d’une femme qui a été mise en marge de la société car les hommes ne comprennent pas son pouvoir et en ont peur. Cette femme a la particularité de redonner vie aux corps éteints, elle ramasse les os qu’elle trouve, elle chante au-dessus des os et son chant sacré a une magie. Le squelette se reforme, le tissu musculaire reprend forme autour de lui, l’être humain revit, réapparaît, la flamme revient. C’est évidemment une légende symbolique qui raconte la résilience de la femme. On passe par beaucoup d’étapes de vie dans lesquelles on va se sentir mourir. Mais on a cette puissance à l’intérieur de nous et que l’on retrouve lorsqu’on se reconnecte à notre instinct animal, à notre intuition féminine, à un aspect sauvage qui fait partie de nous-même. C’est quelque chose que les hommes et la société ont cherché à casser pendant des années. Mais quoiqu'il arrive, les femmes ont beau passer par des épreuves de vie insupportables, elles se relèvent toujours depuis la nuit des temps. Cette histoire de La Loba m’a particulièrement inspirée. Non seulement parce que je me retrouvais à un carrefour de vie où je passais par une épreuve très difficile mais elle m’a redonnée le feu et la force pour pouvoir me recomposer. C’est un chant féministe, un chant de force et d’énergie que j’envoie à toutes les femmes du monde. Et ce titre apparaît dans l’album car c’est mon frère qui était le plus "opé" sur le féminisme et qui m’a toujours branchée sur les livres qu’il fallait lire, les podcasts à écouter. Et ça faisait un moment que je me disais qu’il me fallait un chant féministe pour donner la force. C’est à l'issue de plusieurs conversations avec lui que les premières paroles sont nées. Entre temps, il est décédé et j’ai fini le texte après mais tout était lié. C’était lui qui avait installé la petite flamme qui allait grandir par la suite. De toutes les étapes de deuil que je traverse dans cet album et qui sont au nombre de sept, c’est celle qui redonne la vie.
“Ca me plaisait d’être habillée toute en rouge et d’être une meuf un peu étrange, vénère avec du sang partout sur la gueule.”
A la fin de cette chanson, vous criez “El despertar de las brujas es real” — le réveil des sorcières est réel — peut-on y comprendre des paroles féministes ? Qui sont les sorcières ?
La figure de la sorcière pour moi est très intéressante parce qu’elle est synonyme d’indépendance féminine. Elle raconte qu’une femme n’a pas besoin d’un mari ou d’un homme pour pouvoir s’épanouir. Elle est dans l’acceptation de tout ce qu’elle est, de tous ses pouvoirs et c’est pour ça qu’elle a beaucoup été déformée en vieille femme avec des cheveux blancs parce que ça inclut que la femme n’a pas le droit de vieillir dans la société. La sorcière pourtant accepte son vieillissement et le porte avec fierté en en faisant une force.C’est la femme qui fait de la magie donc c’est la femme qui est capable d’être suffisamment centrée pour pouvoir altérer et transformer les énergies autour d’elle pour en faire un endroit qui va lui correspondre. C’est pour ça que je dis qu’on est toutes des sorcières. C’est parce qu’on a toute cette force et cette puissance-là qu’on va appliquer à plus ou moins grande échelle. Des rituels qu’on a chacune le matin en passant par nos cycles si réguliers de vie et de mort, ça nous connecte forcément à un cycle général, à un grand tout. La sorcière ne cherche pas à annuler ce cycle ni à le déformer, au contraire, elle est dans le respect. Quand je hurle ces mots à la fin de ce morceau c’est parce que je fais allusion à l’éveil des femmes qui s’est produit ces dernières années, un éveil qu’on a toutes senti, l’entrée dans une nouvelle ère.
Dans votre clip, vous avez les mains ensanglantées sur un piano immaculé. C’est une image forte, pourquoi ce choix ?
On a eu cette idée avec Marion Castera qui est la réalisatrice du clip de "La Loba" et qui fait partie du collectif Temple Caché. On voulait illustrer cette forme de magie, de chamanisme moderne. On va passer par une épreuve qui va engendrer une guérison donc pour que le changement puisse arriver, il doit passer par une étape douloureuse : se défaire d’habitudes, de choses qui faisaient partie de sa vie et c’est difficile parce que ça symbolise la mort de quelque chose. Donc pour pouvoir renaître il faut mourir. On a utilisé le sang non seulement car il représente le feu et l’amour dont on a besoin lors de cette métamorphose. J’ai porté cette mort durant toute cette année sur moi et sur mon corps donc j’avais envie qu’elle y soit illustrée concrètement mais symboliquement. Certaines femmes y ont vu une allusion au sang menstruel et ça ne me dérange pas de l’associer à ça dans la mesure où c’est un sujet qui est tellement tabou et fui que finalement ça me plaisait d’être habillée toute en rouge et d’être une meuf un peu étrange, vénère avec du sang partout sur la gueule. Il fait aussi référence au sang de la vie, de l’accouchement puisqu’à la fin du clip, j’ouvre ce rideau un peu comme une vulve et je suis là, pleine de sang et je renais. Pour moi, c’est un clip qui est extrêmement positif même s’il a été considéré comme le clip de Satan. J’ai eu droit à des commentaires peu élogieux mais ça me va parce que je sais ce que j’ai voulu raconter là-dedans.
“Culturellement je me suis scindée en deux quand j’étais petite.”
Vous chantez en espagnol, vous avez même écrit un titre en honneur au pays qui partage votre cœur avec la France, le Venezuela. Que représente ce pays pour vous ? Et sa langue ?
Le Venezuela a une place très importante dans ma vie. C’est un pays très important parce que j’y ai passé beaucoup de temps. Je pense que culturellement je me suis scindée en deux quand j’étais petite, que j’ai assimilé beaucoup de choses de là-bas comme d’ici, en France. Pendant des années ça se mélangeait, parfois pas du tout. J’avais l’impression de vivre une schizophrénie culturelle. Quand on est adolescent et qu’on cherche l’appartenance au groupe, c’est étrange parce qu’on sait que quoiqu’il arrive, où qu’on soit, on ne sera jamais totalement de ce groupe-là ni de celui-ci. Et c’est quelque chose que j’ai réussi à accepter en explorant l’être hybride que j’étais à travers La Chica. Le Venezuela fait partie de moi, de mon essence. Le fait qu’il ait vécu une crise aussi hardcore, ça m’a brisé de l’intérieur donc forcément j’ai eu envie de leur envoyer un chant car comme d’habitude, la musique sauve, aide, soigne. C’est un chant qui est né de ma frustration, de mon sentiment d’inutilité face à la situation. J’avais envie de raconter comment je me sentais, moi, par rapport à ces coupures d’électricité qui peuvent paraître un peu banales mais qui gâchent la vie et où plus rien ne peut se passer dans un pays où l’eau s’arrête et les milliards de conséquences vertigineuses que ça implique. C’est très fort et très puissant et c’est quelque chose qui peut arriver à n’importe quel pays finalement.
Quand on pense aux artistes qui remettent au goût du jourl’espagnol, on pense aussi à Rosalia qui dépoussière le flamenco avec duR&B, de la pop et du rap. Vous pensez aussi donner une autre image del’espagnol souvent associé au reggaeton ?
C’est important dedonner une autre image de l’espagnol, loin des clichés qu’on peut s’en faireici. En Occident, on a forcément une vision un peu clichée de ce qu’il se passeailleurs dans le monde, une vision presque post-colonialiste pour certainespersonnes et qui est insupportable. Mais c’est l’art qui permet de transformerces visions, la musique permet parfois de rééduquer les états d’esprits. Ce quiest intéressant avec Rosalia, c’est qu’elle prend son folklore, elle leretransforme et ça devient la tradition moderne. Et cette tradition qu’on faitmaintenant ce sera la tradition de demain. Moi ça m’intéresse les artistes quiévoluent et qui proposent une évolution et c’est ce que j’essaye de faire.
“Je suis revenue au piano, là, pendant le confinement où plus rien n'était possible, où la seule chose qui me restait c’était cet instrument.”
Quelles sont les sonorités que vous affectionnez et vos inspirations musicales ?
J’aime les musiques qui me font ressentir quelque chose. J’éprouve de l’intérêt pour ce qui se passe au niveau du son en ce moment car il y a une manière de traiter les fréquences qui est radicalement différente de tout ce qui s’est passé dans les décennies précédentes. Mais je reste très attachée aux sons organiques, chauds. Je retrouve ça chez James Blake, Radiohead, Thom Yorke, la quintessence de l’évolution artistique et personnelle parfaite, Patrick Watson, Sylvan Esso, Moses Sumney, etc… C’est impossible de me fermer. Dès que je suis attirée par un son, je vais chercher à savoir d’où il vient, pourquoi, comment ça a été fait. Je ne peux pas m’enfermer dans un style musical, ça n’a pas de sens.
Le piano est votre instrument de prédilection. Pourquoi cet instrument en particulier ?
J’ai commencé la musique avec le violon mais le piano, ça a débuté quand j’avais 9 ans et il m’a accompagné toute ma vie. C'est un instrument avec lequel j’ai une vraie relation. Une relation d’amour, d’amitié, c’est un peu la personne qui a été là dans les moments où j’avais besoin de me lâcher. Quand ça ne va pas, je joue du piano et les sons m’aident à sortir. Si j’ai besoin de pleurer, je pleure, si j’ai besoin de m’énerver, je peux taper dessus très fort et il m’aide. Il y a des moments où il me guide. C’est un instrument qui est complet, où on peut jouer que deux notes et il va se passer quelque chose. Je l’avais laissé tomber pendant quelques années parce que je m’étais intéressée au clavier lorsque je jouais dans des groupes mais j’y suis revenue, là, pendant le confinement où plus rien n'était possible, où la seule chose qui me restait c’était cet instrument. Ça avait du sens d’utiliser le piano pour raconter les épreuves que je traversais dans cet album parce que ça me faisait revenir à l’essence des choses. C’est l’instrument ultime pour moi et je suis très contente de faire une tournée rien qu’avec le piano. Je revis des choses que je n’avais pas vécu depuis toute petite comme une sorte de thérapie qui se met en place.
“Il fallait aller chercher dans les viscères tout ce qui faisait mal. Je me suis aperçue qu’il y avait beaucoup de lumière, beaucoup d’amour et qu’il n’y avait pas que de la lourdeur, de la tristesse et un enfer de souffrance”
Comment se déroulent vos phases de composition ?
Je ne sais pas et c’est bien de ne pas savoir aussi ! [rires] Dans ces moments-là, il faut laisser l’intuition parler. C’est pour ça que j’aime bien enregistrer très vite ce qui est en train de se passer donc lorsque je me mets au piano, j’ai toujours mon dictaphone à porter de main et en réécoutant, je choppe ce qui m’attire en me disant “ça, ça a quelque chose”. J’aime ne pas réfléchir car je réfléchis beaucoup trop tout le temps. D’ailleurs ça s’entend, dès que je suis en train de réfléchir, c’est nul.
Ce nouvel album est dédié à votre défunt frère, comment s’est passée sa réalisation ?
C’était dur mais nécessaire. Pendant un mois, j’étais un peu sous une forme d’euphorie car c’est tellement surréaliste de perdre quelqu’un aussi subitement, qu’on est un peu dans une autre dimension. J’étais complètement en transe, connectée suprêmement à lui et puis c’est redescendu. La réalité reprend le pas. Je me suis pris ça en pleine face et il ne fallait pas que ça reste comme ça donc je me suis dit“C’est là maintenant qu’il faut aller transformer certaines choses”. Il fallait aller chercher dans les viscères tout ce qui faisait mal. Et c’est là que je me suis aperçue qu’il y avait beaucoup de lumière, beaucoup d’amour et qu’il n’y avait pas que de la lourdeur, de la tristesse et un enfer de souffrance. Il y avait d’autres choses à raconter. Ces choses ont été écrites un peu avant sa mort, intuitivement, je ne savais pas pourquoi je les écrivais et elles ont pris sens après. C’était tellement douloureux mais je suis tellement contente de l’avoir fait.
Vendredi soir à la fin du concert, vous étiez peinée de ne pas pouvoir allumer de vraies bougies pour le rituel de guérison autour de l’incantation Agua, quelle place a la magie dans votre quotidien ? La pratiquez-vous ?
J’ai une magie personnelle qui n’est pas aussi mystique que la magie qu’on peut s’imaginer dans l’esprit collectif. C’est beaucoup plus simple. La magie pour moi, c’est transformer les vibrations, faire en sorte que le quotidien soit plaisant. Ce sont des mini rituels et un état d’esprit dans lequel je me mets. Ça passe par la musique, par le fait de jouer, de me poser au piano qui m’aide à me recentrer, à me connecter à des aspects de moi-même et donc à d’autres dimensions.
"En ce moment j’adore le créateur indien Manish Arora, le français Arthur Avellano qui fait du tie and dye sur latex. J’aime aussi beaucoup Charles de Vilmorin avec qui j’ai fait une séance photo merveilleuse."
Vous avez chanté une chanson exclusive dédiée à la pleine lune de la veille. C’est une ode à la nature ?
Ce morceau est de Simón Díaz, un grand chanteur de folklore vénézuélien qui est décédé maintenant mais qui m’a énormément influencé et sur toutes les tournées que je fais, je reprends toujours un morceau de lui. Et à ce concert je me suis rendue compte que je n’avais rien chanté de lui et comme il y avait eu la pleine lune la veille qui était immense, ronde et jaune. Je me suis dit qu’il lui fallait un chant ce soir. “Tonada de Luna Llena” est un chant dédié à la pleine lune que je chante depuis toute petite et qui a une dimension magique pour moi.
Peut-on en savoir plus sur vous projets à venir ? Y a-t-il un(e) artiste avec qui vous rêveriez de collaborer ?
Pour l’avenir, je crois que je suis partie pour pas mal jouer ! [rires] C’est écrit. Il va y avoir beaucoup de concerts live et ça c’est le kiffe. Il va falloir continuer de composer et j’ai déjà des idées, des choses qui me viennent. Je vais avoir envie de voyager, beaucoup. Je suis déjà très contente de faire une tournée en France mais il faut que j’aille ailleurs, il va falloir voyager plus loin et se décentrer. Des voyages et des rencontres pour continuer d’apprendre. Je veux faire des collaborations avec Form, j’adore ce groupe. Avec Thom Yorke, mais ça je suis obligée de le dire parce qu’il faut le formuler pour que ça puisse exister, avec Brian Eno, Questlove, Flavien Berger. J’adorerais faire un feat avec Ruben Blades, c’est la figure de musique latine de ma life et Totó la Momposina, la mama de la cumbia.
Vous avez fait un photoshoot avec Vogue México, comment était-ce ? Quel est votre rapport à la mode et quels sont vos créateurs préférés ?
Vogue México, ça s’est fait parce que le Mexique c’est un pays dans lequel j’ai beaucoup tourné et que j’adore. C’est un pays qui reçoit mon projet avec beaucoup d’amour. Pendant la promo de l’album, Vogue m’a proposé une interview avec une séance photo. J’ai pu non seulement travailler avec un photographe que j’adore qui s’appelle Michael Luppi mais aussi avec une styliste que j’aime beaucoup : Céline Bourgeois et qui bosse avec beaucoup de créateurs. Donc on a pu tripper et aller chercher différents mood à partir des différents goûts que j’ai mais qui me représentent aussi. En ce moment j’adore le créateur indien Manish Arora, le français Arthur Avellano qui fait du tie and dye sur latex. J’aime aussi beaucoup Charles de Vilmorin avec qui j’ai fait une séance photo merveilleuse. Mon style, lui, est tout aussi hybride que ma musique. Il est plutôt urbain et street, un peu comme ce que j’avais mis pour le concert avec des creepers à la place des baskets pour casser un peu. J’aime quand le style n’est pas entièrement dans une direction.
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