RIVE GAUCHE
Alors que la Fender Mustang bleue de Kurt Cobain vient d’être vendue aux enchères, le Collegium Musicæ Institut, qui rassemble musiciens, chercheurs et enseignants-chercheurs autour de la création, la recherche, la conservation et la pratique musicale publie Quand la guitare s'électrise !, un ouvrage consacré à la guitare, instrument qui électrisa les foules au siècle dernier.
En 1991, Kurt Cobain déchaîne une foule adolescente dans le légendaire clip de Smells Like Teen Spirit, armé de sa Fender Mustang bleue, sa guitare préférée. L'instrument a été acheté 4,5 millions de dollars par le milliardaire Jim Irsay lors d'une vente organisée par la maison Julien's Auction à New York le 22 mai dernier. Une vente historique qui “rend hommage à la musique rock et à la culture populaire”, déclare le nouvel acquéreur dans une interview à Guitar World. La guitare électrique serait-elle l’instrument emblématique du XXe siècle ? C'est la question que posent Marc Battier et Philippe Gonin dans Quand la guitare [s']électrise !, nouvel ouvrage publié par le Collegium Musicæ, institut de la Sorbonne qui rassemble musiciens, chercheurs et enseignants autour de la création, la conservation et la pratique musicale.
Sa sonorité et sa puissance, sa versatilité, son impact visuel et toutes les significations qui lui ont été associées font de la guitare un objet incontournable, une icône planétaire dont l'histoire a marqué plusieurs générations de musiciens et d’auditeurs. Peu connue, la recherche menée autour de cet instrument mérite qu’on s’y attarde, tant les approches possibles sont riches et variées : car l’instrument ne peut s’étudier en-dehors de son contexte, ni sans raconter l’histoire de ces pionniers qui se mirent à bricoler des formes hybrides d’instruments, puisant dans l’organologie classique en la mêlant aux techniques de la radio, du microphone et de tout ce que “la fée électricité” a pu apporter en matière d’innovation sonore.
L’on ne peut aussi ignorer la construction symbolique de ces figures mythiques, les guitar heroes, qui font rêver les foules et alimentent les fantasmes de nombreux amateurs. Sans oublier la multiplicité de ses usages, du club intimiste aux gigantesques stades ou festivals, de son expérimentation dans la musique contemporaine au refus délibéré de la virtuosité dans des genres plus nihilistes, et même dans certaines pratiques religieuses.