Des photographies de mode jusqu’ici gardées secrètes exposées au Musée des Arts Décoratifs

Retour dans les années 1920, ère où la haute couture parisienne brille de mille feux. Alors que des couturières et couturiers, aujourd’hui iconiques, connaissent leurs premières heures de gloire, ces derniers deviennent aussi la cible de contrefaçons. Pour faire face à cette problématique, les créateurs de l’époque se mettent à réaliser des dépôts de modèle, clichés directement inspirés de la photographie judiciaire attestant des propriétés industrielles et intellectuelles des créations. Destinés aux domaines de la justice et de l’archive, les dépôts ne sont pas toujours signés par des photographes reconnus, et ne font pas appel aux célèbres actrices et mannequins.

Ces photographies, datées et numérotées, consistent alors à capturer, sur le vif ou avec une mise en scène, les détails les plus infimes d'une tenue sur une mannequin. Déposés au conseil des prud’hommes ou au greffe des tribunaux jusqu’en 1979, les dépôts de modèles servaient ainsi de véritables pièces à conviction lors de procès. A l’instar de Madeleine Vionnet, spécialiste des drapés et initiatrice de la coupe en biais, qui va voir son invention lâchement copiée en 1921. La couturière n’hésitera pas à utiliser ses dépôts de modèle comme pièces à conviction et intentera un procès à ses détracteurs qu'elle gagnera haut la main.

Déposées au Musée des Arts décoratifs en 1940, ces images singulières constituent désormais une ressource visuelle considérable pour les grandes maisons qui fréquentent l’institution en quête d’inspirations et de modèles. Un fonds photographique qui donne à voir un panorama parfois surprenant de la mode et de la haute couture parisienne de l’époque. Parmi les 120 photographies présentées dans l’exposition, les plus grands noms de la mode sont présents, tels que Jeanne Lanvin, Edward Molyneux, Jean Patou, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli ou encore Lucien Lelong.

Si ces photographies, réalisées dans l’intimité des ateliers, sont évidemment bien moins considérées que les tirages réalisés pour la presse, elles restent pourtant très révélatrices de leur temps et intéressantes à contempler. Grâce à leur forme de diptyque ou de triptyque, elles permettent de mettre en avant de nombreux détails sur les silhouettes, allant du plus petit accessoire aux motifs de chaque robe. Avec cette exposition, le Musée des Arts Décoratifs offre un témoignage fascinant de cette époque, et rappelle la nécessité, toujours d’actualité, de protéger ses créations contre la contrefaçon.

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“La mode en modèles : photographies des années 1920-1930”, à découvrir jusqu’au 26 janvier 2025.